Je suis née au thé avec autant d’amour qu’il est né en moi. Avant même que je n’en découvre la saveur, son filet doré s’écoulait du nom de mes ancêtres en une sonorité délicate: Kanté, je m'appelle Maïmouna Kanté. Mon union avec ce nectar était donc scellée. Une évidence, une fulgurance : nous serons Kanthé.
Conakry, la Guinée, ma jeunesse. Je me souviens quand, après un savoureux repas ou simplement à l'occasion de réunions familiales, nous buvions l'Ataya, ce thé vert à la menthe africain, typique des cultures culinaires du Sahel.
Il régnait une si agréable ambiance de convivialité et de partage durant ces longues causeries parfumées à l'odeur suave du thé, dont la chaleur tentait d'apprivoiser l'indomptable fraîcheur de la menthe verte.
Nous nous réunissions autour de notre hôte, maître dans l'art de confectionner cette boisson sirupeuse à la robe cuivrée réhaussée d'une délicate mousse blanche. Sous nos regards réjouis et impatients, il déposait un plateau sur lequel se trouvait tout le nécessaire pour cette cérémonie africaine du thé : une botte de feuilles de menthe verte fraîchement cueillies du jardin, des granules de thé séché, une généreuse quantité de sucre et, selon les recettes, des pignons de pin grillés, des bonbons à la menthe ou des cacahuètes.
Il y avait aussi ces charmants petits verres à thé gravés d’arabesques dorées qui accueillaient le précieux nectar sorti brûlant du Brada, la théière en métal, chauffée sur un fourneau à charbon.
Ma passion pour les thés du Monde me rappelle à quel point les diverses cultures, même les plus éloignées, peuvent communiquer par delà les océans. Par exemple, la cérémonie japonaise du thé, le Chanoyu, partage avec l’Ataya certains traits, tels que le fait d’être menée par un maître de l’art au fil d’une préparation minutieuse et rythmée par des temps longs, propices à la discussion et à la convivialité.
Chanoyu et Ataya se retrouvent aussi en certains gestes rituels, qui, au Japon, célèbrent la lenteur des mouvements, créatrice d’une atmosphère de calme et de méditation. En Afrique du Nord et de l’Ouest, il existe ce que les sénégalais nomment le Fourel : cet art unique de servir le thé chaud en levant continuellement la théière vers les cieux pour en cueillir quelques nuages qui créeront une mousse délicate, dont la dégustation douce et aérienne précède la force terrienne de la plante aromatique.
Les origines de l’Ataya se retrouvent souvent au cœur de chamailleries amicales entre sénégalais, mauritaniens et marocains, qui en revendiquent chacun la paternité. Introduit au 19e siècle par les marocains en Mauritanie, l’Ataya s’est ensuite diffusé au Sénégal, où sa pratique s’est imposée comme l’un des rituels de la célèbre hospitalité sénégalaise, connue sous le nom de Teranga. De nombreux autres pays d’Afrique de l’Ouest comme la Guinée, la Gambie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso adopteront également la cérémonie de l’Ataya.
Mes beaux souvenirs restent vivaces, tout comme la pratique de l’Ataya, qui aujourd’hui encore continue d’enchanter les papilles de tous les passionnés de thé. C’est une boisson simple et savoureuse mais en même temps d’une délicieuse sophistication, que je souhaite ardemment faire connaître en rendant hommage à mon continent, l’Afrique. Pour cela, j'ai le plaisir de proposer aux amateurs de thé des quatre coins du monde, mon interprétation romantique de l'Ataya avec la gamme de thés verts Kanthé.
Je vous invite à découvrir mon atelier de cérémonie Ataya et à réserver vos places en cliquant sur ce lien, pour venir partager avec moi un moment empreint de convivialité, d'échange, de bonne humeur et d'authenticité.
Comment refaire du Ataya chez soi (pour 4 personnes) :
Ingrédients :
- 15 gr de thé vert (par exemple nos thés verts du Malawi ZOMBA GREEN ou NOMADE)
- 2-3 tiges de menthe fraîche
- 35-40 cl d’eau
- 25-30 gr de sucre
- Quelques cacahouètes ou pignons grillés (optionnel)
Ustensiles :
- Une théière (Barada) ou une petite casserole
- 5 petits verres à thé
- Filtre à thé (si vous n’avez pas de Barada)
Préparation :
- Mettez votre thé dans la théière ou la casserole et ajoutez de l’eau.
- Laissez bouillir environ 15 - 20 mn.
- Ajoutez les feuilles de menthe fraîche et le sucre au bout de 10 mn d’ébullition.
- Filtrez votre thé dans une autre théière ou dans un grand gobelet puis rajoutez de l’eau sur les feuilles pour la deuxième préparation.
- Transvasez ensuite le thé infusé de verre en verre en levant la main vers le haut pour aérer et créer une mousse délicate, qui est une partie traditionnelle de la préparation de l'Ataya (répétez cette opération plusieurs fois).
- Versez un peu de mousse dans chaque verre.
- Faites réchauffer votre thé avant de le servir avec les cacahouètes grillées.
Répétez la même opération pour la 2ème et la 3ème préparation. Et puis régalez-vous ! :)
Les trois tournées de dégustation successives sont un bel hommage à la slow life et au lien social, aujourd’hui tant recherché dans d’autres sociétés usées par l’individualisme.